LA SPOLIATION

Les Lavandières
(Lavanderas en Alcáñiz el Real)

œuvre spoliée dans l’atelier d’Harburger pendant l’Occupation,
rachetée par l’artiste en 1948 et offerte par lui au musée de Castres.

Le pillage de l'atelier de l'artiste pendant l’Occupation et la disparition d'une centaine de ses tableaux a conduit les auteurs du catalogue raisonné à engager des recherches pour identifier et/ou reconstituer le parcours des tableaux spoliés.

 

• Les faits :

Alors qu’Harburger, lors d’une permission en mars 1940, avait placé une vingtaine d’œuvres dans la chambre-forte de l’Alliance Israélite Universelle (rue La Bruyère, dans le IXe arrondissement), celle-ci est vidée par l’Occupant en août 1940.

Par la suite, alors que, menacé par les lois antisémites, Harburger décide fin 1940, de quitter la métropole pour l’Algérie, son appartement et son atelier à Montmartre sont, quant à eux, entièrement spoliés en 1942.

 

• Après la guerre :

Après la guerre, l’artiste lui-même a mené l’enquête pour retrouver la centaine de ses tableaux volés. En 1948, il retrouve une de ses peintures (Les Lavandières) entre les mains d’un pucier de Vanves, lequel l’a acquise en 1943 dans une vente aux enchères pour le compte du Comité Ouvrier de Secours immédiat (COSI) . Il a ainsi remonté une des filières de vols.

 

L’autre piste, celle qui part de la chambre-forte de l’AIU, s’ouvre à lui en 1953, lorsqu’il apprend que quelques uns de ses tableaux ont été retrouvés au musée de Jérusalem… La consultation de plusieurs fonds d’archives, a permis de confirmer le parcours d’une dizaine d’œuvres d’Harburger. En effet, les Américains retrouvent en 1945 à Hungen (Hesse), dix tableaux de sa main et un de sa collection personnelle. Ces tableaux regroupés dans le Collecting Point de Wiesbaden, ont été en 1952 envoyés à Jérusalem.

 

Au terme des recherches, Le Catalogue raisonné identifie vingt-neuf tableaux disparus (sur une centaine). Ils ont été identifiés par des clichés conservés par l'artiste ou trouvés dans des archives photographiques, par leur présence dans les catalogues d'expositions, dans les articles de journaux,… Les œuvres disparues n’ont pas, sauf exception, été retrouvées. Selon Didier Schulmann, conservateur de la Bibliothèque Kandinsky au Centre Pompidou, « le catalogue raisonné Harburger est un modèle d'instrument de recherche sur les spoliations. »* Seuls quatre tableaux ont été restitués à l'artiste, en provenance du Musée d'Israël : trois à lui-même (en 1962) et un à sa famille (en 2008).

 

(1) Le COSI, créé par le gouvernement de Vichy, était censé conduire des actions de « bienfaisance ». Ses membres ont commis nombre d’exactions en volant les « biens juifs », soutenus et renseignés en cela par l’Ambassade du Reich.

à regarder :

 

 

Sylvie Harburger a présenté à
l'Institut national d'histoire de l'art le 25 Janvier 2023

ses travaux de recherche sur la spoliation
de l'atelier de son père en 1942.

 

 

à lire :

"Le catalogue raisonné Harburger,
modèle d’instrument de recherche sur les spoliations"

Didier Schulmann

Conservateur au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, à Paris